Syrie: Paris propose des corridors humanitaires
PARIS - La France a avancé mercredi pour la première fois l'idée de corridors humanitaires en Syrie, qu'elle va soumettre à ses partenaires de l'Union européenne, et fait un pas supplémentaire vers la reconnaissance de l'opposition, considérée comme l'interlocuteur légitime.
Les corridors humanitaires, c'est un point que nous avons examiné et je demanderai à la prochaine réunion du conseil des ministres européens de le mettre à l'ordre du jour, a indiqué le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, à l'issue d'une rencontre avec Burhan Ghalioun, dirigeant du Conseil national syrien (CNS, opposition).
S'il peut y avoir une dimension humanitaire, des zones qui pourraient être sécurisées, protéger des populations, c'est une question qu'il faut étudier avec l'UE et la Ligue arabe, a ajouté le ministre français.
Le chef de la diplomatie française a toutefois de nouveau écarté le recours à une option militaire.
L'option militaire n'est pas à l'ordre du jour. Nous ne l'avons pas examinée, a-t-il dit devant la presse. Cette réponse vaut également, selon lui, pour la possibilité d'établir une zone tampon, à l'intérieur de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, qui a été évoquée par les médias turcs pour protéger les populations civiles.
La France a également avancé vers la reconnaissance du CNS. Le Conseil national syrien est l'interlocuteur légitime avec lequel nous allons continuer à travailler, a déclaré Alain Juppé.
Soulignant la nécessité que le CNS soit inclusif, c'est-à-dire regroupe le maximum de tendances, le ministre français a ajouté qu'une reconnaissance formelle viendrait plus tard. Nous travaillons sur la reconnaissance plus formelle avec la Ligue arabe et l'ensemble de nos alliés, a-t-il affirmé.
De son côté, M. Ghalioun a appelé à une meilleure coordination internationale face à un régime qui va vers la fuite en avant.
Dans aucun pays l'opposition n'est unifiée, y compris en France. Nous cherchons une plateforme commune, a poursuivi cet opposant historique basé en France qui avait déjà rencontré Alain Juppé le 10 octobre.
Nous avons discuté de notre feuille de route vers une transition démocratique et pacifique (pour) éviter à la Syrie la guerre civile et l'intervention militaire que tout le monde veut éviter, a-t-il ajouté.
Né fin août à Istanbul, le CNS apparaît comme le plus large et le plus représentatif des mouvements d'opposition, avec la participation de représentants d'opposants en exil et d'opposants de l'intérieur du pays.
L'autre important mouvement de l'opposition est le Comité national pour le changement démocratique (CNCD), qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes ainsi que des personnalités indépendantes. Il reste ouvert au dialogue avec le pouvoir.
La France avait été le premier pays à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen au tout début de la contestation contre Mouammar Kadhafi. Cette reconnaissance avait enclenché les initiatives diplomatiques et militaires internationales qui ont largement contribué à la chute de l'ancien régime de Tripoli.
Burhan Ghalioun a évoqué avec prudence la montée en puissance de l'Armée syrienne libre (ASL), force fondée par un colonel déserteur.
Nous souhaitons que cette +armée+ (agisse) dans les missions défensives pour protéger les soldats qui ont quitté l'armée, et les manifestations pacifiques. Mais pas d'actes, d'actions offensives contre les positions de l'armée régulière, a-t-il déclaré.
La France, de son côté, a affirmé n'avoir aucun contact avec l'ASL, par la voix du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
(©AFP / 23 novembre 2011 18h52)